Alors que les réjouissances de fin d’année ont pris fin, c’est en ce début d’année, que la plus célèbre des comptines pour enfants bat son plein. Dédiée à la galette des rois, comme chaque année elle se chante à l’unisson au sein de tous les foyers.
« J’aime la galette, savez-vous comment ?
Quand elle est bien faite, avec du beurre dedans.
Tra la la, la la la la lère, tra la la, la la la la. »
Effectivement, il s’agit bel et bien de l’Épiphanie. Attendue par tous les gourmets en herbe, la galette des Rois est la star en ce mois de janvier. Elle a d’ailleurs envahi avec douceur les étals des boulangeries/pâtisseries. Elle est également la reine au sein des petites, moyennes et grandes surfaces. Et, le partage de la galette ne serait pas parfait sans cette quête du Saint Graal représenté pour l’occasion par une fève. Fève que tout le monde rêve de découvrir, morceau de galette en bouche, pour devenir la « Reine » ou le « Roi » et se coiffer d’une belle couronne.
Alors que certains la préfèrent à l’amande, d’autres briochée aux fruits confits/à la fleur d’oranger, de nouvelles saveurs ont fait leur apparition comme la galette aux pommes, au chocolat, aux marrons, au caramel beurre salé et plus récemment glacée façon omelette norvégienne ou encore à la meringue et aux fruits. Autant d’alternatives qui permettent à tous de s’en pourlécher les babines et de rivaliser de gourmandise surtout.
Mais au fait, d’où vient cette tradition ? En effet, si l’on se plait à la déguster, à la partager entre amis ou en famille, on en oublie parfois ses origines, les symboles qui se cachent derrière.
Gros plan donc sur un dessert (ou ce goûter) pas comme les autres.
L’Épiphanie : Une date qui évolue
Pour la petite histoire, l’Épiphanie jusque dans les années 1960 tombait le 6 janvier, soit douze jours après Noël. Puis entre 1962 et 1965, le Vatican décrète que cette fête serait célébrée le premier dimanche suivant le premier jour de janvier, afin que les fidèles puissent se rendre à la messe notamment. La date devient alors la toute première fête liturgique de l’année.
Même si la date diffère d’un pays à l’autre, il n’en reste pas moins, que cette tradition perdure encore aujourd’hui et, qu’il est d’usage de la couper en autant de part que de convives plus une. Cette portion supplémentaire, appelée tantôt « la part du pauvre », « la part du Bon Dieu » ou « la part de la Vierge, était dédiée au premier pauvre qui passait.
De plus, la personne qui obtient la fève devient alors le roi ou la reine de la journée et a le droit de porter une couronne. Cette dernière peut également désigner une reine ou un roi et l’embrasser.
Une coutume ancienne
Pendant l’Antiquité
À l’origine, pendant l’Antiquité, il était question de célébrer le dieu Dionysos – divinité de la vigne, du vin, liée aux cycles des plantes – afin de fêter le retour de la lumière et la renaissance de la végétation.
Sous l’Empire romain
Puis, le partage d’une galette de pain est une tradition faisant partie des célébrations organisées autour des « saturnales », une fête romaine en somme pour honorer les Dieux pendant le solstice d’hiver, mais aussi qui symbolisaient la protection des liens de la famille et de la cité. Pour l’occasion les maîtres et les esclaves partageaient la même tablée et « tiraient un roi » en cachant une pièce ou une fève – graine comestible issue de plantes annuelles légumineuses de la famille des Fabaceae mais surtout premier légume qui pousse au printemps – dans du pain. Il était également d’usage dans la Rome antique de tirer au sort un roi à l’aide d’un jeton noir ou blanc. Le roi ainsi désigné pouvait alors réaliser le moindre de ses désirs, commander tout ce qui lui plaisait, donner des gages le temps d’une journée.
La tradition d’envoyer le plus jeune des convives sous la table remonterait également aux saturnales. Surnommé « Phébé » en référence à un oracle d’Apollon, il serait alors le plus à même de désigner à qui revient chaque part de la galette de pain, car il est censé être le plus innocent de tous.
Du Moyen-Âge à nos jours…
Puis, au Moyen-Âge notamment, celui qui trouvait la fève dans un gâteau doré – sorte de brioche – et de forme ronde pour rappeler le soleil se devait alors de payer la tournée à sa tablée. Nombreux sont ceux qui l’air de rien devaient alors avaler la fameuse fève pour échapper à cette dépense. Et c’est ainsi, que les fèves furent remplacées par des santons en porcelaines pour dissuader le « roi » ou la « reine » de l’avaler mais surtout de partir sans payer son reste.
Sous l’impulsion d’Anne d’Autriche et de son fils Louis XIV, la galette feuilletée voit le jour, surnommée à cette époque « la parisienne » elle est l’ancêtre de notre galette des rois à la frangipane actuelle. Quant à la fève, à partir de la fin du XVIIIe siècle, les fèves en porcelaine firent leur apparition représentant pour l’occasion l’Enfant Jésus. Sous la Révolution, le bonnet phrygien ou une pièce d’or le remplaça bien entendu. Puis, les fèves devinrent des figurines de porcelaine qui se généralisent et se régionalisent après le Second Empire. Au XX° siècle, la fève en plastique permet toutes les audaces et se transforme même en objet publicitaire. La fève devient rapidement un petit objet que les fabophiles peuvent s’arracher à l’exception de celles de l’Élysée. Et pour cause, la galette en est dépourvue puisqu’elle ne correspond pas aux valeurs de la République !
Les Rois Mages pour les catholiques
À noter, que pour celles et ceux de confession catholique, cette tradition qu’est l’Épiphanie n’est pas en lien avec les saturnales mais correspond plutôt à l’arrivée des Rois Mages – Melchior, Gaspard et Balthazar – qui venant d’Orient guidé par la lumière d’une étoile sont venus célébrer la naissance de l’Enfant Jésus à Bethléem.
Source : Saviezvous.fr